Le tourisme spirituel…kézako ? Non, ce n’est pas une nouvelle mode coquine… En revanche c’est un phénomène, qui, depuis plusieurs années, augmente en flèche. Qu’est-ce que le tourisme spirituel ? Pourquoi ce phénomène se développe de plus en plus ? Et quel impact peut-il ? Cet article fait le point autour du tourisme spirituel.

En quoi ça consiste le tourisme spirituel ?

Le tourisme spirituel, c’est la tendance à enchainer les thérapeutes, et surtout plusieurs techniques de thérapie (reiki, magnétisme, kinésiologie, lithothérapie, fleurs de Bach, hypnose, laochi, coaching, sophrologie etc…), sans forcément approfondir une technique en particulier. Dans le tourisme spirituel, on retrouve également les personnes qui partent à l’étranger, pour tester une plante hallucinogène, comme on irait au parc d’attraction. Au final, c’est ce comporter comme un consommateur : on goute un produit, et on enchaine un autre. Être un.e touriste spirituel.le, c’est enchainer différents types de soin, une seule fois, par curiosité, et passer à autre chose, si il n’y a pas de résultat ou si « quelqu’un nous parle d’une nouvelle technique à essayer » par exemple. Oui…un touriste spirituel teste, essaye, goute, expérimente, mais n’approfondit pas et ne s’engage dans aucune voie. Et pourtant, chaque maux, maladie ou mal-être ne peut pas guérir en une seule séance, ou avec un remède, même la médecine moderne, qui se dit toute puissante à besoin de persévérance. Alors pour les thérapies alternatives, dites douces, il est logique que les processus prennent du temps, et surtout qu’il faut de la constance et de la régularité. Mais avant de développer les inconvénients du côté « butinage », de ce tourisme spirituel, essayons de comprendre les origines de ce dernier.

Qu’est-ce qu’il y a derrière le tourisme spirituel ?

A la base du tourisme spirituel, il peut y avoir une peur : la peur de la maladie, la peur de la souffrance, la peur ne de jamais aller mieux. Cette peur peut donc pousser à la « recherche du remède miracle », pour à tout prix aller mieux. Oui, car dans notre société il faut guérir vite, et surtout avoir la forme. Le milieu du développement personnel, et du bien-être a également participé au véhiculage de ce cliché: « il faut avoir la pêche », « si on mange bien, si on fait du yoga on sera en forme sans arrêt » etc ! Sauf que c’est une illusion : nous évoluons, notre psyché se transforme, de nouvelles blessures refont surface, nos énergies fluctuent, il est donc impossible d’être dans un état constant de : bien-être, harmonie, forme, zenitude etc… Seulement voilà, la croyance est là, ainsi que le besoin : « j’en ai marre de souffrir, je veux aller mieux directement », et qui n’a jamais entendu son ami dire « tu devrais tester ce thérapeute, il est génial…mon problème est parti en une séance » ? Mais la guérison ne vient peut-être pas du « thérapeute génial ». Peut-être était-ce tout simplement le moment pour que cette blessure s’en aille, après un long travail sur soi, d’acceptation, de résilience. Rappelons-le : vous êtes actrice, acteur de votre santé, de votre bien-être, c’est vous le.a chef.fe d’orchestre.

Derrière le tourisme spirituel, il y a aussi une quête : la recherche de la technique parfaite. Celle qui correspondra parfaitement à vos maux. Le thérapeute qui répondra à toutes vos attentes. La thérapie qui vend du rêve avec un spectacle son et lumière. On recherche alors du sensationnel, du célèbre, la thérapie qu’on a lue dans un livre à succès, ou dans un journal célèbre. On veut absolument rencontrer ce thérapeute-star et sa méthode révolutionnaire. Si il n’y a pas eu d’effet « wahou » lors de la première séance, si le thérapeute n’a pas lu en nous comme dans un livre, si notre corps n’a pas été parcouru de multiples sensations, si le chaman ne nous a pas dit que nous aussi on était chaman (voir mon article "les idées reçues sur le chamanisme"), on part, déçu, en route vers une nouvelle thérapie. Mais encore une fois, aussi complexe et resplendissante qu’est la technique proposée, si vous, vous n’êtes pas aligné.es, prêt.es à affronter vos blessures, à dépasser votre égo, à persévérer…tout cela sera de la poudre aux yeux.

La curiosité peut également être une cause du tourisme spirituel. On veut juste tester par curiosité, sans vraiment prendre au sérieux l’acte qui sera réalisé. On a donc un rapport « léger » avec la thérapie. On veut voir si ça fait de l’effet, si il y a un côté magique. Mais quand on sait que certains processus impactent le corps physique, la psyché, les émotions…peut-on vraiment se permettre d’y aller juste par curiosité, comme on ferait au restaurant avec un plat ?

Ce côté dilettant peut aussi s’expliquer par la peur d’aller en profondeur et d’être confronté. En effet, si l’on voit le thérapeute qu’une seule fois, pour une séance de une heure, il y a peu de chance que la séance porte sur des choses lourdes. En une heure on a juste le temps de découvrir le thérapeute et son environnement, comprendre la technique, et se livrer un peu. C’est seulement après plusieurs séances que l’on se sent en confiance, que l’on peut se montrer vulnérable, que l’on ose aborder des choses intimes, et donc faire un travail profond. Seulement voilà, un travail en profondeur, ça peut ne pas être agréable, ça peut faire remonter de la tristesse, de la colère, et on peut se sentir encore plus mal qu’au départ, alors que nous, ce qu’on veut c’est aller mieux. On fuit quand on sent que l’on va travailler en profondeur, pour ne pas voir l’obscurité, ni les blessures.

Enfin le tourisme spirituel trouve aussi son origine dans une tendance à l’éparpillement. Parfois, un côté perfectionniste ou guerrier.e peut nous pousser à vouloir travailler sur plein de chose à la fois, on a conscience de tous nos problèmes : physique, psychologique, émotionnel, et l’on voudrait pouvoir tout régler. On passe alors en mode « chantier » et l’on démarre plusieurs thérapies : l’ostéopathie pour le corps, le naturopathe pour l’hygiène de vie, de l’hypnose pour régler un comportement, et une séance de chamanisme parce que ça travaille sur du global, du spirituel. Concrètement cela reviendrait à avoir 4 activités en parallèle. C’est quasi impossible de se concentrer et de faire à fond chacune des activités. En général les conséquences de ce type de comportement ne sont pas anodines.

L’impact de ce comportement

Enchainer des thérapies différentes, travailler sur plusieurs plans (corporel, psychique, énergétique, émotionnel, spirituel) à la fois, ça revient à complètement mettre le « bordel » (pardonnez-moi l’expression) dans votre tête, votre vie, et votre être. Il s’en suit, en général, une perte complète de repère. On ne sait plus à quoi est du ce qui nous traverse. Est-ce que je suis triste à cause du travail de l’ostéopathe ou bien c’est ce que m’a dit l’astrologue ? Et oui, quand on entame une thérapie, il se produit plein de phénomène, en dehors de la séance. C’est pourquoi je conseille souvent d’avoir un cahier dédié pour chaque formation ou processus de guérison qu’on démarre, on peut ainsi compiler tout ce qui se passe pour nous, à la suite du processus. Si on a plusieurs plats sur le feu, on ne sait plus d’où donner de la tête, et on arrive à ne se focaliser sur rien.

Disperser son énergie dans le tourisme spirituel, c’est manquer de cohérence. On entame parfois des démarches qui ne se correspondent pas entre-elles, on entend même des propos contradictoires entre les différents thérapeute… Le mental s’empare de tout cela pour cogiter à fond, et nous empêcher d’avancer. Alors certes, on peut évoluer et ne plus être d’accord avec notre thérapeute. Mais il a été montré que pour une intégration en profondeur, dans notre être, il faut être capable de suivre une théorie, un point de vue, et de s’y tenir pendant un moment, pour apprendre par nous-même, et peut-être par la suite s’en défaire, ou le modifier.

En butinant chez les thérapeutes, à droite et à gauche, vous risquez de ne pas aller en profondeur et donc de ne jamais être en lien avec votre identité. Souvent c’est l’égo, ou l’influence des autres (phénomène de mode) qui nous pousse à choisir une formation, un soin, une thérapie. Mais est-ce que à un moment donné, on se pose la bonne question : de quoi ai-je réellement besoin ? Envie ?

Pas la peine de développer le point suivant, mais il est quand même important de le mentionner. Le tourisme spirituel peut occasionner également une perte d’argent. Imaginez, si vous aviez mis de côté les sous utilisés pour telle ou telle thérapie. Vous auriez peut-être pu vous offrir un stage de plusieurs jours, ou une immersion ; dans un univers, un processus thérapeutique qui vous parle vraiment et qui vous aurait apporté plein de belles découvertes!

Cela a déjà été mentionné plus haut dans l’article, mais le cumul des thérapies faisant appel au corps physique, aux émotions, à l’énergie engendre également une énorme fatigue physique, émotionnel et spirituelle. Quand on est balloté.e dans tous les sens, et qu’on ne sait plus d’où ce mal être provient, cela est très déstabilisant et énergivore. Alors que un ou deux rendez-vous par mois, sur 3 à 6 mois, avec un même thérapeute, pour travailler sur une problématique ou une approche holistique de plusieurs problèmes, permet d’activer un travail profond, efficace, et qui ne fatigue pas trop. Cela vous laisse également du temps pour mettre d’autres activités, loisir en place, et surtout du repos !

The last but not least : l’égo spirituel. Votre égo spirituel, cette part de vous qui pense que tout va bien, que nous sommes des êtres de lumières, que l’on a assez travaillé sur soi etc, et bien lui, il ADORE le tourisme spirituel ! C’est génial pour lui. Comme on ne va pas en profondeur, on ne rencontre jamais notre égo. Ce dernier est donc toujours bien présent. Pire, il se développe de plus en plus « ah mais ça j’ai déjà travaillé sur ce problème lors de ma séance avec l’hypnothérapeute », « et ça là c’est bon ça a été traité avec la kinesiologue », « cette émotion ? Aucun problème j’ai ma fleur de Bach ». Oui l’égo spirituel, retient chaque séance, comme une ligne sur un CV, et gage d’évolution et développement. Le problème a été abordé une fois : pour l’égo spirituel, c’est bon c’est réglé. Il collectionne tous ces outils, et toutes séances. Parfois il va même jusqu’à penser que « il peut également donner des conseils sur ces domaines car il les a expérimenté ». L’accumulation de séances et de soins différents, dans le cadre de ce tourisme spirituel, gonfle l’égo qui refuse de voir la vérité : nous sommes des êtres vulnérables, variables, qui évoluent dans une vie mouvante, avec des hauts et des bas, que l’on ne peut maitriser.

Je me reconnais dans cette attitude, que faire ?

Tout d’abord, malgré le côté piquant de l’article (son rôle c’est d’aider à prendre conscience) il ne faut pas être dans le jugement et se voir comme quelqu’un de mauvais. Comme cela a été abordé le tourisme spirituel peut s’expliquer par des peurs légitimes, des comportements humains normaux etc. C’est dans notre nature. Donc, on pourrait dire que nous sommes tous des touristes spirituels potentiels !

Seulement aujourd’hui vous avez sautez un sacré cap : vous en avez conscience ! Le début du travail et donc de constater votre tendance au tourisme spirituel, et de définir les origines de ce dernier (curiosité, peurs, influences, etc ?).

Ensuite, c’est plutôt « simple » : vous pouvez prendre le temps de vous demander ce dont vous avez vraiment envie. Sentez dans votre corps quelle thérapie ou stage vous appel. Voyez également quelles problématiques peuvent attendre et quelles sont celles qui vraiment vous impactent au quotidien.

Tenez un carnet. Un carnet nouveau à chaque processus nouveau de guérison. Déjà vous vous rendrez vite compte si vous accumulez les carnets. Et cela vous permettra aussi de compiler les prises de consciences, les ressentis et les coïncidences liées au travail que vous faites sur vous.

Vous pouvez également, avant de prendre rendez-vous, envoyer un mail au thérapeute pour lui exposer ce sur quoi vous voulez travailler, vos attentes. Ce dernier pourra répondre et vous dire si ça prestation est adaptée pour vous. ATTENTION : ce mail n’a pas pour but d’avoir des conseils gratuits, précisez bien que vous exposez cela juste pour savoir si oui ou non sa prestation vous correspond, ou tout simplement si il veut travailler avec vous. Cela évite de perde votre temps, le sien, et votre argent. Par exemple, cela ne me déranger pas d'être contacté, pour savoir si mes services correspondent à la demande de la personne, et je me permets parfois de refuser

Enfin, et c’est surtout ça le plus dur : gardez de la douceur envers vous-même. Oui, nous sommes perfectibles. Mais nous pouvons prendre notre temps. Notre obscurité nous suivra toujours, parfois le travaille réside plutôt dans l’acceptation de ce qui est, des différentes parts de soi plutôt que la guérison. Acceptez cela une sacrée épreuve, oui. Vous êtes au centre de votre guérison, c’est donc à vous de maintenir le cap. Gardez à l’esprit que c’est vous qui faites le travail, même si vous engagez quelqu’un pour vous aider. Patience, douceur, et bienveillance.